-Nom de la guilde : Vox Caelestis
Il y a des choses qu’il ne faut pas oublier. Ces pages de l’histoire, de notre histoire, ne doivent disparaître à aucun prix. Oui, à aucun prix… Ces moments de bonheur, ces instants de douleur, rien ni personne ne doit vous en priver. Mais où ai-je la tête ? Vous ne connaissez probablement pas l’histoire de la Voie Céleste. Otomaï à joué un rôle important dans leur histoire, vous le saviez ? Non, personne n’a connaissance de notre histoire… Prenez une chaise, je vais vous expliquer...
Tout commença il y a longtemps déjà. Je ne saurais pas vous dire quand exactement, cela doit dater de plusieurs siècles au moins. Il y avait à l’époque en Amakna, un petit groupe de guerriers qui ne vivaient que par l’épée. Leur seul et unique objectif était de devenir plus fort. Devenir toujours plus fort pour affronter de plus grand dangers, de plus grands ennemis. La légende raconte que ces guerriers étaient au nombre de treize. Douze vénérant chacun un des douze Dieux protecteurs d’Amakna ainsi qu’un treizième guerrier d’origine et aux pouvoirs inconnus. Ces treize guerriers s’entrainaient jour et nuit, se battant jusqu’à l’épuisement pour atteindre la perfection. Ils réalisaient les mêmes mouvements des jours durant sans se reposer ni se nourrir, et ce, dans l’unique but d’en tirer toute la quintessence. L’acharnement de ces guerriers attirait beaucoup de badauds pendant leur entrainement. Certains décidèrent même de les rejoindre, mais aucun d’entre eux ne parvint à suivre leur rythme inhumain. « La Voie Céleste ». C’est tout ce dont on savait de ces guerriers. Ils suivaient « la Voie Céleste ».
Quelques fanatiques trouvèrent en cette formule une insulte à leur Dieu et fomentèrent des assassinats contre ces guerriers. Chaque attaque fut repoussée sans la moindre difficulté bien entendu. Aucun mortel ne pouvait vaincre ce groupe aussi soudé et entrainé. Cependant, voyant que leurs tentatives n’aboutissaient point, les mêmes fanatiques changèrent de tactique. La force n’étant d’aucune utilité face à une telle organisation, ils décidèrent d’utiliser la fourberie. C’est donc sans état d’âme qu’ils répandirent mensonges et calomnies à l’égard des suivants de la Voie Céleste. Ceux-ci furent accusés de corruption, vol, et autres crimes. Cela ne les dérangeaient guère. Les treize guerriers continuaient leur entrainement, inlassablement, imperturbablement. Ils avaient une distance vis à vie de ce qu’il se déroulait autour d’eux qui en enrageait plus d’un. Les habitants qui les croisaient les qualifiaient d’ « étrangers vivant sur une autre planète ». Dire que de simples paysans étaient si proches de la vérité… Pardonnez-moi, je digresse de mon discours original… Reprenons.
Peu de temps après que les rumeurs aient été inventées, transmises et amplifiées, une horde de dragons envahit les environs. Ils étaient étonnamment forts et résistants. Aucun garde de la milice ne survécut aux combats contre ces créatures. Le peuple se tourna alors vers ceux qu’ils avaient quelques temps plus tôt traité de criminels, leur implorant de les aider. Le roi d’Amakna lui-même vint se prosterner devant les guerriers. Il n’y eu tout d’abord pas de réaction. Mais contre toute attente, le guerrier aux origines inconnues arrêta son entrainement, et sans que mot fut dit, les douze autres s’arrêtèrent aussi. Il se tourna vers le roi d’Amakna et lui dit d’une voix calme et forte à la fois :
« Votre royaume subit en ce moment même le jugement qu’il mérite. La perfidie de votre âme n’a d’égal que la puanteur qui règne dans une fosse à purin. Il y a des choses qu’il ne faut pas oublier. Ces pages de l’histoire, de notre histoire, ne doivent disparaître à aucun prix. Oui, à aucun prix… Ces moments de bonheur, ces instants de douleur, rien ni personne ne doit vous en priver. Vous avez commis l’erreur de croire en votre pouvoir et en votre puissance alors qu’il n’en était rien. Vous êtes faible, faible au point de vous envoler à la première bourrasque de vent. Assistez donc aujourd’hui à la déchéance de votre royaume et gravez à jamais de votre sang le sol de cette contrée. Puissiez-vous un jour trouver le repos de l’âme, vous et tous vos suivants qui laisserez ici votre vie. »Sur ces paroles énigmatiques, le guerrier s’en alla, suivi par ses douze frères d’arme, laissant les habitants horrifiés et le roi d’Amakna sans voix. […] Le groupe disparut dans la fumée provoquée par l’incendie de nombreuses chaumières et le carnage continua… La légende ne raconte pas ce qu’il s’est passé dans les années qui ont suivi. Elle ne reprend que dix ans plus tard… Les treize guerriers avaient trouvé refuge sur une île dans l’océan de l’ouest. Cette île était vaste mais inhabitée, ce qui leur convenait parfaitement pour perfectionner leur technique. Ils baptisèrent cette île Caelestia en l’honneur de leur terre natale, terre depuis longtemps disparue suite à sa destruction par un savant fou dont ils n’avaient jamais entendu ni le nom ni vu le visage... Les suivants de la Voie Céleste vivaient des jours heureux (si je puis me permettre l’expression) et s’entrainaient sans perturbation extérieure. Mais la chose la plus improbable se produisit. Du jour au lendemain, une foule de monstres puant l’alcool apparurent dans toute l’île. Les guerriers ne se contentèrent que de supprimer les quelques uns d’entres eux qui daignaient leur lancer des défis à mort. Mais bientôt, les monstres qui les attaquaient se firent de plus en plus forts. Les combats s’allongèrent pour durer des journées entières. De la même manière que ces événements étaient arrivés, ils disparurent l’espace d’une journée. Un homme vint à leur rencontre et se présenta sous le nom d’Otomaï. Il faisait des expériences sur les animaux, expériences qui selon lui, allaient révolutionner le monde des Douze. Aucun des douze guerriers ne fit de lien avec cet homme aux idées irréelles. Qui d’eux aurait cru qu’un homme aussi chétif pouvait être le chef d’orchestre de nombreux massacres, dont celui de leur peuple ?
Tout d’abord, ils ne répondirent pas aux provocations de ce fou. Ils le laissèrent procéder à ses affaires car le savant ne les dérangeait en aucune manière. Ce fut de courte durée… En effet, Otomaï avait parfaitement compris la puissance de ces guerriers, et il ne tarda pas non plus à reconnaitre en eux une « souche » qu’il avait éradiqué par le passé pour ses expériences… Malgré ses idées arrêtées quand aux peuples qu’il considérait comme « inférieurs », cela présentait un réel intérêt pour lui de leur envoyer ses « créations ». Il pouvait ainsi tester à souhait la force de ses créatures. Un jour, Otomaï décida d’en finir avec ces locataires. Il vint à leur rencontre et leur annonça qui il était et ce qu’il avait fait par le passé. La déception fut parfaitement visible sur son visage lorsqu’il vit que cela n’atteignait en aucune manière les guerriers qui se trouvaient en face de lui. Ils étaient aussi stoïques qu’à leur habitude. Otomaï pris d’impatience, leur envoya la pire créature que le monde avait eut à engendrer… La légende ne dit le nom de cette créature. Peut-être parce qu’elle n’en avait point. Peut-être aussi parce que les guerriers n’eurent pas le temps d’y réfléchir… En tout cas, le combat fut titanesque… La créature faisait plus de vingt fois la taille des plus grands Sadidas et avait des tentacules plus grandes que la tour des ordres de Bonta… Malgré leur force, le combat était perdu d’avance. Un a un, les guerriers tombèrent au champ d’honneur, sous les yeux moqueurs d’Otomaï. Le dernier qui put encore tenir son arme après ce carnage fut le treizième guerrier. Il était à la porte de la mort mais sa main tenait toujours fermement son épée. Dans un dernier souffle, il se releva et tendit son épée vers le ciel d’un bleu azuré. Il chanta des paroles dans une langue oubliée, puisant dans ses dernières réserves pour ne pas s’écrouler. A la suite de son chant, une onde de choc vint frapper le sol créant une énorme brèche dans le sol. Cette dernière s’agrandit pour encercler le guerrier qui chantait toujours. Lorsqu’il s’arrêta de chanter, le ciel vira du bleu azur au rouge sang. Les nuages formèrent un cône au dessus du dernier guerrier et s’approchèrent de lui. Avant que les nuages ne l’encerclent, l’ultime survivant cria de toutes ses forces :
« Voie Céleste ! J’offre à ta grandeur mon âme ! Puisses-tu l’accepter et permettre à mes frères de prouver leur véritable valeur une nouvelle fois. Ô Voie Céleste, je t’en conjure ! Permet à mes frères de renaître pour pouvoir prouver leur valeur à nouveau en défendant ta Voix ! »Le cône nuageux l’atteint et la voix du guerrier se perdit dans un tumulte orageux. Le tonnerre gronda douze fois de suite, puis le cône nuageux s’en retourna vers le ciel, laissant apparaître un corps inerte, un corps sans vie, le corps d’un héros… Celui-ci flotta encore quelques instants dans les airs comme porté par une force surnaturelle, puis s’écrasa misérablement sur le sol. Otomaï était content de lui et il ne se doutait pas de l’importance de ce qu’il venait de se dérouler sous ses yeux. Les âmes des douze guerriers avaient été sauvées par le sacrifice de celle du treizième. Celle-ci serait consumée pour l’éternité dans les flammes du sacrifice divin. C’était le prix à payer pour les sauver… Le prix à payer…
Les générations passèrent mais les âmes ne revinrent pas. De son brasier divin, le treizième guerrier se demandait si son choix avait été judicieux, ou si cela avait été la folie d’un homme condamné à la mort. Alors qu’il allait se laisser aller à la folie, une lueur d’espoir lui parvint. Une âme réapparut en Amakna. Puis deux, puis trois… Les âmes des douze guerriers se réincarnaient petit à petit. Cela lui permit de reprendre foi en la Voie et donc d’accepter le tourment qui lui était infligé continuellement... Au jour d’aujourd’hui, nous ne savons pas encore si les douze âmes se sont réincarnées. Seuls 6 d’entre nous se sont retrouvé directement : Tribala le Sacrieur sans peur, Shadow le Feca dont l’âme dit sans cesse « Praha », Sizura Moko l’Ecaflip qui n’a jamais peur pour sa peau, Père-Fouras l’Enutrof puissant mais chétif, Eniblanco l’Eniripsa aussi douce que de l’eau, et enfin, Srablanco le Sram, compagnon d’Eniblanco. Cela prendra probablement du temps pour réunir toutes les âmes égarées mais nous attendrons. Nous attendrons qu’elles se manifestent pour les recueillir et ainsi tenter de reformer le groupe indissociable que nous étions avant… avant… avant que… Comment pourrons-nous un jour te remercier Tanu-san ? … Ces larmes que vous voyez couler sur mes joues ne sont pas les miennes. Ce sont celles des douze guerriers qui pleurent la perte d’une âme valeureuse, la perte d’un ami, la perte d’un frère… Son sacrifice sera respecté et honoré. Aucun jour ne passera sans qu’honneur lui soit fait… Désormais nos six braves guerriers arpentent magistralement leur planète à la recherche de valeureux guerriers comme eux, prêts à défendre et servir leur royaume.
Vous connaissez maintenant la funeste histoire de Vox Caelestis, la Voie Céleste. Vous connaissez maintenant la bravoure, le courage et la détermination de ses suivants. Aucun faux pas ne vous sera pardonné, tout comme ses suivants ne s’en pardonnent aucun…
Histoire écrite par "Drakulo", ex-membre de la guilde.